James Tissot – L’ambigu moderne

Pour que cet été particulier ne rime pas avec « nous n’irons plus jamais… au musée », rendez-vous à Orsay ! Avec l’exposition James Tissot – L’ambigu moderne, cap vers l’Angleterre victorienne…

Qui était Tissot ?

Une petite présentation s’impose ! Jacques Joseph Tissot (1836-1902), plus connu comme James Tissot, naît à Nantes et se forme aux Beaux-Arts de Paris. Il y fréquente ainsi les cercles les plus influents auprès de ses contemporains (Manet ou encore Degas pour ne citer qu’eux), influencé par l’art japonais et la modernité si chers aux artistes et aux écrivains. Après 1870, il séjourne à Londres où il se concentre sur sa muse et compagne, Kathlenn Newton (1854-1882). C’est à sa mort, en 1882, qu’il revient en France et entame une nouvelle phase picturale dédiée au sujets mystiques et religieux. Un artiste aux multiples facettes donc, véritable touche-à-tout, qui connaîtra un vif succès et ce tout au long de sa carrière !

Que trouve-t-on dans l’exposition ?

Le parcours débute par une biographie rapide de l’artiste, accompagnée d’une chronologie qui permet de se repérer dans la suite de la visite. Lieux où il a vécu ou voyagé, comme l’Italie du Nord ou la Palestine, moments marquants de sa vie avec la perte de sa compagne Kathleen Newton ou encore thèmes qui lui sont chers : l’exposition offre un large panorama de son œuvre. Ainsi, la scénographie reste classique et plutôt chronologique, mais elle a le mérite d’offrir une belle rétrospective, qui n’avait pas eu lieu depuis celle de 1985 au Petit Palais.

Aussi, on ne peut que s’extasier devant ses tableaux, inspirés assez tôt par l’Italie du Nord, jusqu’aux scènes bibliques vers la fin de sa carrière, liée à la perte de Kathleen. L’apparition médiumnique (1885), teintée de spiritisme, fait d’ailleurs la transition avec les portraits lumineux de la jeune femme comme October (1877), en couverture de l’article. Cependant, c’est la représentation de l’Angleterre victorienne telle que l’on se l’imagine qui occupe la plus grande partie de l’espace : intérieurs richement décorés, demeures fastueuses dignes d’un épisode de Sherlock Holmes ou encore portraits de la haute société semblent plus vrais que nature !

  • James Tissot, La lettre, vers 1878, huile sur toile, Musée des Beaux-Arts du Canada
  • James Tissot, The Artist's Wives, 1885 The Chrysler Museum of Art, Norfolk, Virginia
  • James Tissot, La convalescente (détail), 1876
  • L'Apparition médiumnique, 1885, Paris, Bibliothèque Nationale de France
  • James Tissot, Ce que voyait Notre Seigneur sur la Croix,1886-1894, gouache sur graphite sur papier vélin gris-vert

L’attention portée au détail dans l’œuvre de Tissot est d’ailleurs remarquable : plissé du tapis, tissus des robes, motifs en tout genre… L’artiste puise dans des sources parfois lointaines comme le Japon, qu’il n’a pourtant jamais visité ! Quelques objets comme une jardinière montrent d’ailleurs la minutie dont il faisait preuve.

  • James Tissot, A Little Nimrod, vers 1882, huile sur toile, coll privée
  • James Tissot, Jeunes femmes regardant des objets japonais, 1869, huile sur toile, Cincinnati Art Museum
  • James Tissot, Grotte et pièce d'eau, vers 1882 ©photo musée d'Orsay / rmn882

Ainsi, l’exposition permet de s’immerger dans l’œuvre de Tissot et l’on repart avec l’impression d’avoir été transporté dans un autre temps… et quelques photos !

Ce qu’il faut retenir de l’expo !

Et pour prolonger la visite :

N’hésitez pas à flâner dans la nef principale du musée ou encore à faire un petit détour par la galerie impressionniste, les collections permanentes du musée comptent de nombreux chefs-d’œuvre du 19e siècle (entre Manet, Courbet, Monet et Millet, il y a de quoi s’extasier).

Et pour une visite en famille, rendez vous au pays des monstres ! Bienvenue dans l’univers étrange et singulier d’un sculpteur, illustrateur, auteur et médecin de profession, Léopold Chauveau (1870-1940). Ses créatures monstrueuses, difformes et pourtant maladroites, presque attachantes, occupent l’une des salles du musée pour cette exposition originale. Outre le merveilleux et les créatures hybrides, Chauveau a aussi illustré de nombreux classiques, comme la Bible et surtout les Fables de La Fontaine (et même le Roman de Renard, dont nous parlions déjà dans un précédent article). Pas de longs discours ni de couloirs étriqués ici, les monstres et les illustrations se croisent, entre vitrines et niches secrètes. Aucun sens de visite obligatoire, il suffit de se promener dans ce monde imaginaire peuplé de références (telles les gargouilles médiévales), enrichi par le travail d’illustrateurs contemporains (notamment Claude Ponti!). L’exposition profite aussi d’une collaboration avec les étudiants de l’école des Gobelins, qui ont pour l’occasion réalisé des courts-métrage animés (à voir en salle et en ligne ici). La scénographie et les activités proposées offrent une visite ludique et rafraîchissante pour petits et grands !

Que faut-il savoir sur la visite ?

L’exposition James Tissot – L’ambigu moderne est à voir au musée d’Orsay jusqu’au 13 septembre 2020, tout comme Léopold Chauveau – Au pays des monstres, une exposition assez courte, idéale pour les visites en famille.

Pour une visite masquée dans les meilleures conditions, il est nécessaire de réserver son créneau de visite sur le site du musée. Un billet donne par ailleurs accès aux collections permanentes ET aux expositions temporaires !

Et pour retrouver toute l’actualité du Musée d’Orsay, c’est ici !

Texte et illustrations : Eloïse Coudeville et Sarah Mascher

Crédits photographiques : Art Me Up, Musée d’Orsay / RMN, Gallica BNF

Image de couverture : October, James Tissot, 1877, huile sur toile, Musée de Beaux-Arts de Montréal.

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