« Chotto Desh », Akram Khan

Après le solo « Desh » en 2011, le chorégraphe anglais Akram Khan – connu pour ses collaborations avec Juliette Binoche, Peter Brooke, Sylvie Guillem – a crée une nouvelle version de son spectacle destinée cette fois-ci au jeune public : « Chotto Desh » (qui signifie « petite patrie » en bengali). Depuis 2015, plus de 200 représentations ont d’ores et déjà été données à travers le monde. Un succès amplement mérité !

A travers ce conte chorégraphique, Khan esquisse son autoportrait, ses souvenirs de jeunesse, sa quête d’identité, de l’enfance à l’âge adulte, en passant par l’adolescence. Une invitation au voyage entre la Grande-Bretagne et le Bangladesh, pays d’origine de ses parents.

Seul sur scène, le danseur (Dennis Alamanos ou Nicolas Ricchini) incarne Akram, jeune garçon malicieux imprégné de culture occidentale et orientale. Celui-ci n’a qu’une idée en tête : devenir danseur. Pour cela, il doit s’affirmer devant un père trop « terre à terre », qui ne prend pas de telles ambitions au sérieux. Cette trame de fond n’est pas sans rappeler l’épopée d’un certain Billy Elliott…

27146510439_1ae55b9a34_bPour convaincre, aucune danse n’est de trop. Celle d’Akram est singulière, personnelle, parce qu’elle est tissée de toute sa culture. Elle emprunte au hip hop, au contemporain, à la danse traditionnelle kathak et même à Michael Jackson ! Aussi Akram s’emploie-t-il – non sans humour – à tracer une figure de marionnette sur le haut de son crâne et à danser tête inclinée, lorsqu’il imite son père.

38207642334_f2eef5b402_cEn fait, Akram se sert de la danse et du mime pour exprimer ses émotions et décrire le monde qui l’entoure. Par exemple, il traduit en mouvements le caractère bouillonnant de la ville, imite tour à tour l’homme pressé, le mendiant ou le chauffeur de bus. Avant de basculer dans l’espace du merveilleux dès lors que sa mère lui conte des histoires et de s’immerger dans une nature fantastique, où se côtoient crocodiles, papillons, végétaux luxuriants… Vers la fin du spectacle, il est ramené de manière brutale à une réalité sociale et politique qui a sans doute mené sa famille à l’exil : la guerre et la violence sont évoquées par le biais de projections de chars d’assaut et de manifestants. Tout au long de la représentation, le personnage oscille donc entre deux univers : celui du réel et de l’imaginaire.

38036693745_066ac8657b_cSon vocabulaire chorégraphique, l’expressivité de sa danse sont amplifiés par une mise en scène grandiose, mêlant effets visuels et sonores : du texte délivré en voix off, de la musique, des bruitages, des images animées, des ombres chinoises… Ces tableaux successifs et ce décor évolutif reflètent le chemin mental, le parcours initiatique que le jeune Akram doit traverser pour parvenir à ses fins, concrétiser son rêve et prendre son envol. Cette construction se tisse en entremêlant différentes temporalités, tout comme le réel et l’onirique. Un spectacle total, empli d’humour et de poésie. A ne louper sous aucun prétexte !

Bon à savoir :

  • Le spectacle est disponible gratuitement, en version française et dans son intégralité, à partir du 10 décembre 2017, à l’initiative d’Arte, en cliquant sur ce lien.
  • Toutes les dates de la tournée française du spectacle « Chotto Desh » sont disponibles sur ce lien

Louise Fruitier.

 

Photos : Akram Khan Company

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