Magiques licornes

A l’occasion de sa réouverture au public, le musée de Cluny à Paris se peuple de créatures aussi fascinantes que mythiques : les licornes !

L’heure est enfin venue ! Après plusieurs mois sous les échafaudages, le musée ouvre à nouveau ses portes pour le plus grand plaisir des visiteurs. Et premier grand changement : l’entrée même du lieu ! Terminé le passage par l’arrière du bâtiment, dans la charmante mais minuscule cour. Fini le hall d’entrée fort peu adapté à la foule. Bienvenue dans le « Cluny 2.0 » : l’architecte Bernard Desmoulin a été chargé des travaux de restauration afin de créer le nouvel espace muséographique. L’ensemble du chantier n’est pas terminé mais l’espace d’accueil, comprenant vestiaires et boutique, offre un accès facilité au musée. Matériau moderne et façade ajourée donnent à voir sous un nouveau jour les anciens thermes, dont les vestiges sont visibles grâce à une rampe extérieure. Le style est sobre mais efficace et l’on attend avec impatience la suite ! Car oui, actuellement, seules quelques salles sont ouvertes (dont l’appréciable frigidarium) et la visite est plutôt rapide ! Mais c’était sans compter sur notre magique invitée qui trotte d’un pas léger jusqu’au premier étage. Les naseaux frémissants et la robe blanche, la licorne vous attend !

Dès le début de l’exposition, la pénombre nous plonge dans une ambiance mystérieuse, où l’on suit les traces de cet animal fabuleux. Mi-chèvre, mi-lion, mi-âne, la licorne au Moyen-Age est loin de celle que l’on connait aujourd’hui ! Dans le Voyage en Terre Sainte (1504) de Bernard Breydenbach, elle est associée à d’autres animaux « exotiques » et sans doute étranges pour les occidentaux de l’époque comme le chameau et la girafe. Dans le Hortus Sanitatis (1491) de J. Meydenbach, on lui prête aussi des vertus miraculeuses comme celle de guérir le poison avec sa corne.

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Bernard Breydenbach, « Voyage en Terre Sainte », 3e édition, 1504 © RMN-Grand Palais, musée de Cluny, M. Urtado / « Hortus Sanitatis », Johannes de Cuba, J. Meydenbach, 1491      © BIU Santé

Aussi mystérieuse que sauvage, la licorne est un animal prisé que l’on chasse, mais elle reste difficile à capturer ! Selon la légende, seule une jeune fille pure a le pouvoir de l’approcher : la robe blanche de la licorne évoque la pureté, d’où son association courante avec la Vierge Marie, comme dans le Livre d’heures dit de Yolande d’Aragon.

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Chef-d’œuvre du musée de Cluny, impossible de passer à côté de la tapisserie de la Dame à la licorne dans une telle exposition ! Une salle entière lui est d’ailleurs réservée : chacune des parties orne un mur, ce qui met l’ensemble bien en valeur. Cinq parties représentent les cinq sens : ouïe, vue, toucher, odorat et goût sont évoqués sur un fond rouge parsemé de fleurs, on parle d’ailleurs de « millefleurs » pour ce style de tapisserie. De nombreux animaux comme des cerfs, des singes, des lapins, des oiseaux ou encore des renards habitent cette nature foisonnante et certains sont d’un réalisme saisissant ! La sixième partie est plus énigmatique, elle porte le titre « A mon seul désir », en raison de l’inscription sur la tente, peut-être un symbole d’amour courtois ou du libre-arbitre face aux plaisirs temporels.

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Tapisserie dite de La Dame à la licorne, vers 1500, Paris, Musée de Cluny ©Musée de Cluny, Wikimédia Commons

Enfin, l’exposition s’achève sur une dernière salle avec des œuvres contemporaines, comme celles de Claude Rultaut sur la question de la mémoire autour de la Dame à la licorne. Non, vous n’avez pas besoin de lunettes, l’œuvre est volontairement floue !

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Mais que retenir de notre périple en ces temps merveilleux de croyances et de légendes ? Que notre licorne blanche galopant crinière arc-en-ciel au vent n’est qu’un mythe !? Une affabulation tirée de l’imagination des artistes, qui au fil des siècles et des découvertes, ont façonné l’image de cet animal fabuleux ? Que nenni ! Comme le prouvent les nombreux écrits exposés, et surtout, cette magnifique corne présentée dans l’exposition ! Qui, après examen attentif du cartel, s’avère être une dent de narval… Mais laissons là les doutes, une chose est sûre : le musée réussit son grand retour sur la scène culturelle ! Il nous tarde de parcourir l’ensemble des salles. Et quoi de mieux en attendant qu’une excursion médiévale en si charmante compagnie ? Chevaliers et nobles dames, la licorne vous dévoile tous ses secrets au musée de Cluny !

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Bon à savoir : un livret jeu est disponible à l’accueil pour les enfants et l’entrée est gratuite pour les – 26 ans !

Magiques licornes, du 14 juillet 2018 au 25 février 2019, plus d’informations

Eloïse Coudeville et Sarah Mascher.

Dessins : Sarah Mascher

Couverture : Panneau à décor de candélabre, sculpté vers 1508-10 pour le château des archevêques de Rouen à Gaillon, marbre.

 

4 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Matatoune dit :

    Il faut vraiment que j’y aille faire un tour! Merci

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    1. Art Me Up dit :

      Ravis de vous avoir donné envie 🙂

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